Eric de Seynes
Eric de Seynes a 3 ans lorsqu’il monte pour la première fois sur une moto. Il s’agit en l’occurrence de la BMW R69S de son père, passionné de moto depuis sa première Norton achetée aux Etats-Unis en 1954.
Né le 9 juin 1960 à Neuilly-sur-Seine, Eric se prend très tôt pour cette passion familiale, aussi partagée par ses deux grands-pères et pas moins de six oncles. Son père semble le plus mordu. Lié d’amitié avec Jean Murit (4 fois Champion de France de vitesse entre 1951 et 1957 et grand concessionnaire parisien), il crée avec ce dernier le BMW Club de France et en 1965, à Val d’Isère, la concentration des Chamoix qui sera un grand succès populaire à la fin des années soixante. En 1969, ils relancent le Bol d’Or avec le MC Châtillonnais. Eric de Seynes partage cette aventure, accompagnant son père dans l’organisation du Bol d’Or, mais aussi sur les principales courses françaises de l’époque : Coupes Eugène Mauve, GP de Rouen, GP du Million, GP de France ou encore l’unique GP de Rungis. Dès 11 ans pour fêter ses anniversaires successifs, il se rend dans les salles obscures qui passent “Continental Circus“, “Challenge One“ ou encore “Le Cheval de fer“.
A partir de 1971, il apprend l’anglais dans Motor Cycle News, s’initie à l’allemand avec Das Mottorrad, perfectionne son vocabulaire technique avec Moto Revue. Très vite, il ne pense plus qu’à une chose : courir. En 1974, ce rêve devient réalité grâce au Guidon Shell qui se dispute sur l’île de Puteaux en région parisienne. Il s’agit de la finale d’une école de pilotage mise en place par Georges Monneret. Eric termine sur le podium en 1974 et 1975.
Le virus de la compétition ne le quitte plus. Puisque son père lui a signifié « qu’il ne l’aidera jamais à rouler à moto », Eric se fait de l’argent de poche « en réparant les mobylettes du quartier, et en réalisant tous les métiers possibles lorsqu’on est étudiant, disc jockey, coursier, emballeur... ». Il passe le permis moto le lendemain de son 16e anniversaire et achète sa première moto chez Murit le surlendemain. Entre 1976 et 1980, il se forge son expérience, et tombe à moto pas moins de 32 fois car il se croit « en permanence sur un circuit ». Pour vaincre le signe indien, il note les circonstances de chaque chute afin de ne pas reproduire deux fois la même erreur. « Cela a marché, car depuis 1982, je ne suis plus jamais tombé sur la route dans des conditions normales de circulation. »
En 1978, à 17 ans, il s’engage dans le Challenge Honda 125 qui est la formule de promotion la plus économique et tente se faire une place parmi les 250 concurrents. Sans permis voiture, il se rend sur les circuits en train avec la moto en « bagage accompagné »… et les résultats ne sont pas époustouflants. Une fois le bac en poche, Eric s’inscrit en préparation aux Ecoles de commerce et intègre un an plus tard une école de commerce parisienne.
Côté moto, le premier Paris-Dakar a lieu en 1979 et lui donne l’envie des rallyes africains. En 1981, il termine 3e en amateur 250 cm³ et remporte le Trophée de l’avenir du Rallye de Tunisie mis en place par Fenouil. L’année suivante, il est au départ du Paris-Dakar sur une 250 cm³, sans assistance, et casse son moteur au bout d’une semaine ce qui l’oblige à abandonner. 1984, Eric fait son service militaire mais on le compte tout de même parmi les concurrents sur un Peugeot P4, pour faire l’assistance d’un ami d’enfance, François Charliat.
Quelques mois plus tard, il crée la société vidéo Sport-Action. L’idée? Embarquer des caméras de télévision sur des autos et motos de compétition afin de produire des images live, une innovation pour l’époque. Il équipe entre autres les Chevallier 500 en GP, pilotées par Didier de Radiguès et Thierry Espié. En 1986, face à la réticence des Teams professionnels qui ne souhaitent pas embarquer quelques kilos supplémentaires pour des images télévisées, il engage son propre team en Championnat du monde d’endurance. Ce sera avec Suzuki car Sport-Action s’occupe des relations presse du Team Officiel de Dominique Méliand. Il récupère ainsi les motos d’usine de l’année précédente, et inscrit son team sous les couleurs de Benetton et Elf qui font partie des sponsors. Il a vingt-six ans et s’appuie sur l’expérience de ses pilotes : Christian Le Liard, Thierry Espié, Hervé Guilleux, tous pilotes de grand prix. Aux 8 Heures de Suzuka, l’équipe termine à la 6e position scratch derrière l’équipage victorieux W.Gardner–D.Sarron. Ils finissent aussi 5ème des 24 heures du Mans et sur le podium des 24h de Montjuich.
Fin 1986, il décide de passer à autre chose, rentre chez Mobil Oil Française et les convainc de créer une gamme de lubrifiants moto. C’est à cette époque qu’il entre en contact avec Jean-Claude Olivier afin de négocier une préconisation avec Sonauto-Yamaha. Le contrat est signé à la fin de l’année 1987. Eric devient ainsi le responsable de l’activité Moto en France.
Il quitte pourtant le pétrolier deux ans plus tard pour la Seita. La Société d'Exploitation Industrielle des Tabacs et des Allumettes lui confie la direction du sponsoring, qui comprend le Team Ligier-Gitanes en F1 et l’écurie Yamaha Gauloises Blondes Mobil1 en Grands Prix 500. Lors d’un vol pour le GP de Suzuka, il a l’occasion de discuter longuement avec Jean-Claude Olivier, qui, peu après leur retour dans l’hexagone, lui propose la direction marketing de Yamaha-Sonauto.
Il accepte immédiatement et intègre la société en juin 1990. Dès son arrivée, il s’implique aux côtés de JCO sur les activités marketing et de « product-planning ». En 1992, la société Yamaha Motor France est créée et Jean-Claude Olivier lui propose la Direction marketing pour tous les produits du groupe (moto, quads, marine et motoculture). Deux ans plus tard, il est nommé à la tête de la nouvelle Direction Commerciale et Marketing Moto/ Quads. Très vite le marché repart fortement. Avec le retour de l’équivalence permis auto/permis 125 cm³ et l’introduction de nombreuses nouveautés Yamaha conquiert le leadership du marché en 1996 pour ne plus le quitter depuis. Après plusieurs années de croissance et de développement, la « crise de la quarantaine » pointe et Eric de Seynes a de nouveau l’envie d’évoluer, ce qui est difficile chez YMF. Malgré la force du binôme qu’il forme aux côtés de Jean-Claude Olivier, il quitte la marque en 2001 pour se relancer dans un challenge entrepreneurial.
Il rachète Option Presse (Option Auto, Option Moto, Moto Tuning) et crée de nouveaux titres (Option Tout-Terrain, Classic & Racing, Toute la Passion, Non-Stop dans le monde). En parallèle il développe le Paris Tuning Show, crée le Moto Tour, dont il confie la direction à Marc Fontan, et le Championnat International des Rallyes sous l’égide le F.I.M. Après sept ans d’investissement, il décide de se désengager de sa société et de céder ses participations à partir de 2008. Pendant toutes ces années il reste en contact étroit avec Jean-Claude Olivier, les concessionnaires du réseau Yamaha et les équipes d’YMF.
En 2009, après 45 années d’une étroite et unique collaboration avec Yamaha, Jean-Claude Olivier souhaite préparer son départ à la retraite et passer le relais à un successeur. Le choix, qui va suivre un processus de recrutement classique, se fait naturellement sur Eric de Seynes et le 1er septembre de cette année, celui-ci est nommé C.E.O/ Directeur Général de Yamaha Motor France.
Lors d’un rendez-vous avec la presse le 24 février au Pavillon d’Ermenonville à Paris, entouré de 450 invités, Jean-Claude Olivier remet la clé de l’entreprise à Eric de Seynes. « J’ai connu Eric dans les années 80, commente alors Jean-Claude Olivier. A l’époque, il a été à l’initiative de l’implication de Mobil dans la moto, puis avec Gauloises il nous a aidés à boucler nos programmes vitesse en Grand-Prix avec Christian Sarron. Après ses 11 ans à mes côtés, et 8 années dans l’édition et l’événementiel lié aux sports mécaniques, il s’est forgé, une très solide expérience. C’est avec sérénité que je lui passe aujourd’hui le relais ».
En juillet 2010, le Conseil de la Chambre Syndicale Internationale de l’Automobile et du Motocycle le nomme nouveau Président de la Branche Motocycle de la CSIAM. Depuis, Eric de Seynes poursuit l’aventure de Yamaha Motor France dans la continuité de ce qui avait été établi avec succès et animé par Jean-Claude Olivier pendant tant d’années. « La manière a parfois changée mais le fond et les valeurs restent les mêmes, celles de Yamaha », aimera t-il commenter plus tard.
Le 2 janvier 2014, Eric de Seynes est nommé Directeur Général des Opérations et membre du Comité exécutif de Yamaha Motor Europe. Il devient ainsi le premier européen à occuper cette fonction, afin de mettre en place une nouvelle organisation opérationnelle, visant à améliorer la qualité de la politique européenne du groupe, tant au niveau des produits, de la distribution, que des programmes et de l’image de la marque. En conséquence de cette évolution de carrière, Vincent Thommeret, auparavant Directeur Pièces et Accessoires, prend le 2 janvier 2014 la fonction de Directeur France (Country Manager).
En 2016, YAMAHA MOTOR Corporation Ltd nomme Eric de Seynes au poste d’Executive Officer du groupe, en complément de son poste de Chief Operating Officer de Yamaha Motor Europe. C'est la première fois dans l'histoire du groupe qu'un Européen atteint ce poste.
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