Hakan Carlqvist
Peu, voire aucun, pilote Suédois n’aura marqué l’histoire du motocross international comme Hakan Carlqvist. Champion du monde 250 cm3 en 1979 puis 500 cm3 en 1983 (cette fois sur Yamaha), le colosse nordique sera particulièrement populaire en raison de son caractère entier et de son style “tout en force“ qui lui vaudra en France le surnom de “Bucheron“.
Hakan Carlqvist naît le 15 janvier 1954 à Stockholm. Enfant, il pratique le football et le hockey sur glace, mais rapidement ses frères aînés lui donnent le goût du pilotage moto. C’est ainsi qu’à seize ans, Hakan se paie une Penton 125 cm3 qu’il perfectionne. A son guidon, Hakan remporte les trois premières épreuves auquel il participe. A mi-saison, il l’échange cependant pour une Maico plus compétitive à ses yeux . En 1972, Hakan déniche une Maico 250 cm3 plus en rapport avec son gabarit (1,84m pour 86 kg), auprès du pilote professionnel Hakan Andersson. Il dispute le championnat national, mais échoue lors des qualifications en raison d’un bris de chaîne. Il est plus heureux l’année suivante et termine 7e de la saison.
Sa vitesse est son tempérament plaisent à la marque espagnole Ossa qui lui propose un statut de pilote officiel en championnat du monde 250 pour 1974. Il se casse un poignet l'hiver suivant, ce qui ruine ses chances de bien figurer dans les courses de 1975. L’année suivante se veut encore compliquée : Ossa se trouve en difficultés économiques et plusieurs casses de boîtes de vitesses ruinent les espoirs de Carla. Il récupère une Kawasaki et termine 15e, ce qui lui donne l’opportunité d’intégrer l’équipe officielle Husqvarna en 1977. Une nouvelle fois, la fatalité s’abat sur le colosse suédois. Alors 3e du provisoire, il se blesse à la jambe et au genou aux GP de Belgique puis à celui de Grande-Bretagne. Echaudée, la firme suédoise modifie le contrat de ce pilote très (trop ?) généreux sur la poignée de gaz : pour 1978, il n’aura droit qu’à une machine et à des primes en fonction de ses résultats. La stratégie semble fonctionner puisque “Carla“ remporte son premier Grand Prix en Espagne, et termine 2e d’une manche au Trophée des Nations disputée à Markelo aux Pays-Bas. Husqvarna lui accorde alors plus de moyens : cette fois, le géant Suédois préparé physiquement comme jamais, ne commet pas d’erreur et décroche son premier titre de Champion du monde, en gagnant 14 des courses sur les 21 auquel il participe. Il remporte cette même année l’Enduro du Touquet.
C’est sur Yamaha que “Still Moving“ poursuit sa carrière sportive, intégré à l’équipe officielle du constructeur nippon qui compte dans ses rangs André Vromans. On le voit au départ de la course “The Superbikers“ aux Etats-Unis contre Eddie Lawson, Freedie Spencer, Brad Lackey, Serge Bacou et… Jean-Claude Olivier sur des YZ465 modifiées par Dominique Rochette. Pour sa première année d’apprentissage dans la catégorie reine, il termine sur la dernière marche du podium au guidon d’une YZ465, derrière Malherbe et Lackey. Au cours de 1981, les ingénieurs japonais construisent une YZM à refroidissement liquide qu’ils lui demandent de tester. Cette anecdote fait désormais partie de l’histoire : exaspéré, jugeant cette moto trop peu performante à son goût, Hakan s’empare d’une pelle et commence à creuser un trou en pleine séance d’essais. Interloqués, effrayés par le géant nordique, les techniciens japonais le questionnent. Il leur répond qu’il enterre ce prototype, puisque « c’est une m… et que c’est ce qu’on fait avec une m… ». Cette réaction qu’on juge pittoresque aujourd’hui, aura de graves conséquences à l'époque puisqu’elle conduira Yamaha à prendre du retard sur le développement d’une 500 cm3 refroidie par eau, alors que l’YZ125 de série en dispose dès 1981, et que la concurrence expérimente à tout va, HRC en tête. Le Suédois remporte quelques épreuves, comme le GP de Belgique se tenant dans la fameuse citadelle de Namur, mais termine encore troisième du classement général. En 1982, il échoue à la 8e position. 1983 sera son année. Carla enlève cette fois le titre de Champion du monde 500, au guidon d’une machine violente qu’il semble être le seul à pouvoir dompter. L’exploit est d’autant plus remarquable que les moyens déployés par Yamaha apparaissent sans commune mesure avec ceux de Honda, qui aligne cette année-là André Malherbe, Graham Noyce et Dave Thorpe, sur des CR500 d’usine (refroidissement liquide, frein à disque, etc.).
En 1984, le Viking dispose d’une moto plus moderne : en effet, un disque est fixé sur la fourche “upside-down“ Ohlins. Cela ne suffira pas à “Carla“ qui doit composer avec une concurrence toujours plus relevée et avec une nouvelle blessure. André Malherbe glanera son troisième titre dans la catégorie reine cette saison-là. En 1985, les Honda sont définitivement trop fortes et la marque rouge place Dave Thorpe, André Malherbe et Eric Geboers, dans cet ordre sur le podium final. Carla rétrograde au classement et passe sur des Kawasaki privées en 1987. L’année suivante, il réalise un dernier exploit qui le fera définitivement entrer dans la légende. Dans la mythique citadelle de Namur, alors largement en tête de la seconde manche, il se paie le luxe de s’arrêter pour avaler une gorgée de bière au “Chalet du monument“. Ce “stop and drink“ sera largement commenté et médiatisé pour le plus grand bonheur des fans de motocross. Après 21 GP remportés, le Suédois met un terme à sa carrière sportive, devient manager de pilote et importe des pièces motos en Suède. Amoureux de la France, il s’installe en famille dans la région de Marseille. Ses apparitions dans le milieu moto seront alors très rares. Le 6 juillet 2017, le double champion suédois décède des suites d'une hémorragie cérébrale : un gladiateur s'en est allé.
Année | Résultats |
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1974 | Vice-Champion de Suède 250 cm3 |
1975 | 23ème du Championnat du monde 250 cm3 |
1976 | 15ème du Championnat du monde 250 cm3 |
1977 | 17ème du Championnat du monde 250 cm3 |
1978 | 7ème du Championnat du monde 250 cm3 |
1979 | Champion du monde 250 cm3 Vainqueur de l'Enduro du Touquet |
1980 | 3ème du Championnat du monde 500 cm3 |
1981 | 3ème du Championnat du monde 500 cm3 Victoire d'une manche à l'Enduro du Touquet 5ème du Superbiker de Carlsbad |
1982 | 8ème du Championnat du monde 500 cm3 5ème du Superbiker de Carlsbad |
1983 | Champion du monde 500 cm3 5ème de l'Enduro du Touquet |
1984 | 10ème du Championnat du monde 500 cm3 3ème de l'Enduro du Touquet |
1985 | 16ème du Championnat du monde 500 cm3 |
1988 | 10ème du Championnat du monde 500 cm3 |
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