YZF-R1 : la genèse d’un mythe
Tout commence en janvier 1996 lors d’une rencontre informelle dans les stands du circuit de Killarney, près du Cap en Afrique du Sud. Les meilleurs essayeurs mondiaux réalisent le tout premier essai de l’YZF1000R Thunderace commercialisée cette année-là. Alors que les médias décortiquent cette nouvelle sportive dans l’environnement chaud et ensoleillé d’Afrique du Sud, un groupe d’ingénieurs de Yamaha Japon saisit cette opportunité pour échanger de nouvelles idées avec des responsables européens, dans une atmosphère détendue.
Kunihiko Miwa, l’homme qui se cache derrière la série R, vient tout juste d’être promu chef de projet pour "une nouvelle machine supersport". Mario Inumaru, chef des responsables R&D et responsable de l'ensemble du marché européen, appuie l’idée d’une machine véritablement radicale. Il a pour vision un rajeunissement de la catégorie Supersport. Les ventes de motos sportives ont diminuées au milieu des années 90’ mais l’Europe reste encore un marché réceptif aux véritables machines Supersport. Les responsables du siège de Yamaha Motor Europe à Amsterdam croient à cette catégorie, et se montrent plus qu’heureux d’apprendre qu’une équipe d’ingénieurs au Japon partage leurs idées. Alors que la crème des journalistes spécialisés teste la Thunderace, un petit groupe d’ingénieurs et de responsables dans un bâtiment tout à côté, imaginent déjà un concept plus extrême. M. Miwa informe les planificateurs que la conception d’un moteur 4-cylindres inédit a débuté et qu’il tient à l’intégrer dans ce châssis pour qu’ils ne fassent qu’un seul bloc, afin de créer la moto la plus légère et la plus compacte de sa catégorie. Il griffonne sur une feuille blanche certaines idées techniques. Les responsables observent. Quelqu’un attrape un stylo et ajoute "NO COMPROMISE". Plus tard, ce terme tiendra lieu de référence pour le développement tout entier de la R1.
Miwa-san accepte la lourde tâche de tenir des objectifs fixés : 150 ch, moins de 180 kg et une maniabilité digne d’une sportive 600 cm3. Kunihiko Miwa et son équipe vont travailler intensément pendant une année. Le concept de base auquel les ingénieurs aboutissent permet de redéfinir les standards de la catégorie : moteur quatre-cylindres ultracourt, châssis Deltabox II avec moteur incliné porteur afin d’assurer une plus grande rigidité et un poids minimal, bras oscillant ultra long associé à une garde au sol réduite pour une plus grande maniabilité et stabilité, position du pilote au centre de la moto pour assurer une meilleure répartition du poids. Kunihiko Miwa porte une attention toute particulière aux détails et sera bientôt surnommé "Monsieur sans compromis". Quelques exemples de sa quête de la perfection ? Afin d’établir une tringlerie de commande des vitesses rectiligne entre le sélecteur de la R1 et l’arbre de transmission, un trou sera percé dans le cadre, au-dessus de l’axe du bras oscillant. Cette solution innovante se traduit par de meilleures sensations lors du passage des vitesses, grâce à une rigidité accrue de la biellette. Les poignées en aluminium sont collées et sont plus légères de 46% que des poignées soudées. Ce souci du détail va propulser la R1 en tête des Supersports les plus sophistiquées du marché, dès sa sortie.
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